RENCONTRE AVEC MARC KERANGUEVEN - SICA PRINCE DE BRETAGNE
Partenaire officiel du Stade Brestois, la SICA - Prince de Bretagne qui a associé son nom au centre d'entraînement des joueurs professionnels affiche un soutien indéfectible au Stade Brestois. Fière d’entretenir des valeurs communes fortes avec les Rouge & Blanc, la coopérative finistérienne joue elle aussi un rôle important dans la dynamique du territoire. À l’heure où le monde agricole est au cœur de l’actualité, Marc Keranguéven nous en dit plus à l’occasion du match Brest – Marseille qui sera le Carré Rouge de cette saison 2023-2024.
"LA BRETAGNE EST UNE TERRE D'AVENIR"
Marc, comment se porte la SICA - Prince de Bretagne ?
On est sur bonne année 2023 en termes de chiffre d’affaires. Cette hausse est encourageante malgré la baisse des volumes en légumes, cela montre qu’on a su compenser par une meilleure valorisation. À nous maintenant de trouver la meilleure dynamique possible pour redévelopper la production. La demande est forte et nous nous devons de répondre aux attentes des consommateurs, prêts pour certains à payer les légumes français à leur juste prix. En horticulture, on est sur un marché qui s’est stabilisé. C’est réconfortant car la saison passée a été difficile au niveau national. Cela veut dire que le travail de Kerisnel est reconnu. Globalement 2023 est une année encourageante pour la suite qui doit redonner le moral aux producteurs.
Cette baisse de volume, quelle en est la raison ?
Les cultures légumières et horticoles sont gourmandes en main d’œuvre. Il faut attirer les salariés, les loger, les fidéliser… Nous travaillons sur le sujet avec des avancées significatives. On a aussi le souci de la transmission des exploitations avec un ratio en chute. Aujourd’hui pour un jeune agriculteur qui reprend une exploitation, il y en a 3 qui partent en retraite. En l’an 2000, toutes filières confondues en France, on dépassait le million d’exploitations quand on en compte à peine 390 000 en 2023. Pour inverser la tendance, la SICA de Saint-Pol-de-Léon accompagne ses adhérents dans la transmission et soutient les installations.
La Bretagne reste une région attractive au niveau agricole ?
Bien sûr ! On a tout sur un territoire exceptionnel avec des hommes et des femmes passionnés. Une bonne terre, un bon climat, moins touché par les canicules et les épisodes de sécheresse. On aura toujours besoin de se nourrir et en ce sens la Bretagne est une terre d’avenir. On a tout ici pour réussir.
Le milieu agricole a exprimé son mécontentement dernièrement…
Près de 90% des Français ont soutenu le mouvement. Ce mouvement était pacifique dans le but de sensibiliser l’État et les consommateurs à la situation de détresse vécue par une partie des agriculteurs. Les paysans sont des gens honnêtes, francs et travailleurs et le citoyen français reconnaît ces valeurs. La crise que l’on connait aujourd’hui vient du fait que l’on a perdu la vraie valeur des produits. Il y a des fluctuations parfois fortes des prix en raison de la météo (froid, excès de pluie, tempête…) qui peut impacter les productions étroitement liées au marché de l’offre et de la demande. Il faut trouver le juste équilibre entre un prix acceptable pour le consommateur et une juste rémunération de l’agriculteur.
Quelle est, selon vous, la solution ?
Tout est à repenser, il y a une vraie réflexion à mener. Notre coopérative a un rôle à jouer sur la concentration des volumes et pour ça on doit se fédérer pour lutter contre une concurrence agressive et parfois déloyale. Il faut réussir à mutualiser à tous les niveaux, à commencer sans doute par le régional, pour gagner en part de marché avec des prix abordables. L’union fera notre force, c’est notre seule chance de pouvoir à nouveau nous imposer dans les rayons des supermarchés. Et puis il y a beaucoup trop de tâches administratives complexes et chronophages pour les exploitants. Mais je reste positif, l’agriculture a un bel avenir si la production se fédère. Nous devons nous prendre en main et être force de propositions auprès de l’État.
Quels rôles jouez-vous pour soutenir les générations futures ?
L’agriculture est un métier qui a du sens. Nourrir les gens, partager le fruit de son travail, c’est valorisant. Notre rôle, à la SICA – Prince de Bretagne, est d’accompagner la transmission des exploitations, à la fois pour le cédant mais aussi pour le repreneur en l’aidant dans son parcours d’entrepreneur. Notre métier d’agriculteur est devenu complexe. Il nécessite des notions de RH, avec de la technique, de la logistique, des mises aux normes pour les certifications… À tous les niveaux, la SICA est un soutien pour les jeunes qui veulent s’installer.