Il y a quelques semaines, le Réseau Le Saint organisait et finançait un transport pour la frontière ukraino-polonaise afin d'acheminer 8 tonnes de marchandises de première nécessité. Cette opération, synonyme d'engagement et de solidarité envers le peuple ukrainien, a pu voir le jour grâce à l'implication de l'association Iroise-Ukraine à Brest, très active depuis le début du conflit aux portes de l'Europe. Vice-président de l'association, Pascal Guerriau, 58 ans, ancien commandant-adjoint du Monge et ex-directeur industriel dans le privé, nous raconte son action avec les structures locales pour venir en aide aux réfugiés et aux combattants en Ukraine.
"LES UKRAINIENS SONT TRÈS DIGNES"
La Bretagne trop éloignée de l'Ukraine
"Cela reste difficile de rapatrier les gens jusqu'en Bretagne, c'est trop loin pour les réfugiés. Sauf pour ceux qui ont des liens familiaux ici. Pour eux, cet exil est provisoire, le temps que le conflit s'arrête. Ils comptent revenir dès que possible chez eux. D'ailleurs, sur les 5 millions de réfugiés qui ont quitté le pays, 500 000 y sont déjà revenus. Leur but n'est pas d'aller tout à l'Ouest, au contraire. C'est pourquoi ils sont nombreux à attendre en Pologne. De plus, il y a la barrière de la langue."
Une association très mobilisée
"J'ai rejoint l'association quelques jours après le début de l'offensive russe. L'association existe depuis 1994 et œuvrait dans un but plutôt socio-culturel en lien avec l'Ukraine. Elle était même vouée à disparaître et puis ce drame a relancé l'activité qui s'est orientée vers l'humanitaire d'urgence. Des franco-ukrainiens implantés sur le territoire se sont mobilisés et ont rejoints les rangs d'Iroise-Ukraine. Le nombre de membres est passé à 60 bénévoles et nous comptons beaucoup sur le soutien des particuliers et des entreprises locales, très touchés par ce qui se passe aux portes de l'Europe."
Acheminer du matériel et des produits de première nécessité
"Nous avons une action de rapatriement grâce à des minibus qu'on se fait prêter, entre autres, par le Peugeot G.Nédélec, les cars Bihan, E.Leclerc de Kergaradec, ou Carrefour. On profite du trajet aller pour emmener du matériel de première urgence pour les combattants, du matériel médical, de la nourriture et des produits d'hygiène, notamment pour la petite enfance. Tout ceci est stocké dans un entrepôt de 1 700 m² à Brest, mis à disposition par l'étude de Maître Xavier Moal, avant de prendre la direction de la frontière ukrainienne. Ce que l'on envoie répond à leurs besoins là-bas et provient de dons effectués par les généreux Brestois. Arrivé à Przemysl en Pologne, tout notre chargement parfaitement identifié part aussitôt vers toutes les villes d'Ukraine, jusqu'à Marioupol ou Odessa. De quoi soutenir habitants et combattants sur place."
Des missions régulières de rapatriement
"Une fois nos cartons de marchandises déposés, on ramène des réfugiés dont nous avons le contact avant le départ de Brest. Ces rapatriements sont maintenant réglementés et se font selon une procédure que nous avons mise en place. Aucun départ ne doit se faire sans avoir la liste des réfugiés et surtout sans avoir activé les familles d'accueil. La plupart du temps, les réfugiés ont un lien familial avec des résidents de la région. À la frontière, à Medika, on peut attendre des heures ces réfugiés qui ont voyagé parfois dans des conditions difficiles. Cette action demande une certaine coordination. Ils arrivent souvent marqués par la fatigue et la détresse."
Personne ne se plaint
"Tout est mis en place pour accueillir les réfugiés autour de la frontière ukrainienne. Les bénévoles ont afflué de toute l'Europe pour les aider. Sur Medika, comme à d'autres points de la frontière, il y a même une sorte de village de bénévoles, fait de stands avec des médecins, psychologues, restaurateurs, soutiens de toutes sortes et de toutes nationalités. C'est énorme. Ce qui m'a surpris chez les Ukrainiens, c'est que ce sont des gens qui restent dignes dans la détresse. Dans le centre de réfugiés de Przemysl près de Medika, ils sont quelques milliers allongés sur des lits à attendre leur prise en charge dans l'un des pays d'accueil et aucun ne se plaint ou ne crie."
Un appel aux dons
"Pour continuer à pouvoir financer ces allers-retours en minibus, il nous faut des dons car chaque déplacement coûte 1 500 €. Entre l'assurance, l'essence, les péages, la nourriture et l'hébergement, cela reste un coût pour l'association. C'est pourquoi, et je remercie le Stade Brestois de son soutien, nous ferons une quête aux entrées du stade lors du match Brest - Strasbourg ce samedi. C'est l'occasion de parler de notre action, d'échanger avec les supporters et les inciter à venir faire des dons à notre entrepôt, 15 rue Baron Lacrosse à Brest. Toutes les informations et l'actualité de nos actions est visible sur notre page Facebook association Iroise-Ukraine. J'en profite, au nom de l'association, pour remercier tous les gens, particuliers et entrepreneurs, qui nous aident au quotidien dans cette mission humanitaire sur le sol européen."
Article publié le 05/05/2022